Réflexionméthodologique pour l'étude de l’organisation spatiale dela végétation aux niveaux individuel et synusial en relation avecles types fonctionnels et les facteurs écologiques dans dessystèmes soudaniens d’Afrique de l’Ouest

 

BARBIERNicolas*, HARDY O. ** et LejolyJ.*

 

* Université Libre deBruxelles, Labo de Botanique systématique et de Phytosociologie

** Université Libre de Bruxelles, Labo deGénétique et Ecologie végétales

 

 

Cette réflexionméthodologique a pour but une étude fined’écosystèmes soudaniens d’Afrique de l’Ouestà travers une mise en relation entre la structure spatiale de lavégétation à petite échelle, les causesendogènes (stratégies adaptatives des plantes) et les causesexogènes (autres facteurs écologiques). D’unemanière générale, la végétation dont ils’agit est constituée d’une mosaïque de savanes(parfois périodiquement inondées), forêts claires àdenses sèches et forêts riveraines.

La collecte des données sedéroulera principalement dans le Parc Régional du ‘W duNiger’ (Bénin, Burkina Faso, Niger, Projet‘W’/ECOPAS/UE). Au sein de ce projet ‘W’, un consortiumde recherche, chapeauté par le CIRAD, et dont fait partie notrelaboratoire, s’est engagé dans un travail de cinq ansrenouvelables. Ce cadre devrait assurer toute la logistique et lastabilité nécessaires à nos objectifs.

La préoccupation centrale de cetravail est d’explorer à l’échelle des synusies etdes phytocénoses de savane soudanienne l’applicabilité dediverses approches synthétiques de la végétation. Ainsi,Les concepts de l’Ecologie spatiale et fonctionnelle ainsi que de laphytosociologie synusiale seront expérimentés etévalués dans le but de proposer une approche satisfaisante pourl’analyse et la caractérisation des milieux concernés.L’étude à grande échelle des dits milieux permettraégalement d’envisager des méthodesgénéralisables à de plus vastes étendues pour lacaractérisation et la cartographie de la végétation africaine.

La démarche adoptéeconsistera, au travers des écotones entre les principalesphytocénoses et au sein de celles-ci, à mettre en évidenceet à décrire les phénomènes d’agrégationspatiale des individus d’une même espèce, desindividus/populations de différentes espèces et des synusies ouéléments (l’élément est une unitéfloristiquement, écologiquement et physionomiquementdifférenciée, dont l’imbrication plus ou moinsrégulière constitue une communauté végétale[…] Il correspond plus ou moins aux concepts de synusie, sociation,association jumelles, phase, etc. mais sans que l’on ait à faireà une classification ou à une origine particulière(Gounot, 1969)). Il s’agira alors d’identifier les facteurs intervenant(ou leur absence) dans les répartitions observées en se penchantsur les traits fonctionnels et les facteurs écologiques.

Une démarche inverse visera àdécouper l’écosystème en groupes fonctionnels (sensulato) à l’aide des mêmes traits fonctionnelsadditionnés des caractéristiques agrégatives desespèces/populations.

Parallèlement à cetterecherche méthodologique, les données récoltéespermettront d’approfondir la connaissance des stratégies et del’écologie des espèces/populations locales.

Quant aux applications, ce type deconnaissances s’inscrit à l’échelle globale dans unedynamique de recherche en liaison avec les modifications climatiques ainsiqu’à l’étude de la biodiversité àdifférents niveaux d’intégration. Par ailleurs, au niveaulocal, les gestionnaires du projet pourront certainement utiliser nosrésultats en vue d’une meilleure maîtrise des milieux et deleur dynamique dans leur lourde tâche de conciliation entre conservationet développement. Ainsi, un découpage fonctionnel de la biodiversitévégétale permettra sans doute d’évaluer ledegré d’urgence dans la préservation des espècesainsi que son exploitabilité éventuelle.