Nicolas-Claude Fabri de Peiresc

Seigneur du village de Peyresq

Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637). Dessin à la pierre noire, en 1636, par Claude Mellan. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Le village ressuscité de Peyresq s’ancre comme Annot et Colmars dans un lointain passé et peut s’enorgueillir d’un de ses apparentés les plus célèbres : Nicolas-Claude Fabri de Peiresc
qui fit connaître le nom de « Peiresc » dans l’Europe entière de la science et des arts.

• Prince de la république des Lettres
• Précurseur de la méthode scientifique moderne
• Européen avant la lettre

Peiresc naît en 1580, l’année des Essais de Montaigne, et meurt en 1637, l’année du Discours de la Méthode de Descartes.

Nicolas-Claude Fabri signa toujours Peiresc. Nul doute que la pérennité de son attachement à sa mère, Marguerite de Bompar, a revêtu un caractère profondément sentimental : c’est sous ce nom annexe, hérité comme dit plus haut, en 1604, d’un bien-fonds perdu dans sa montagne et dans la nuit des temps médiévaux, que la postérité glorifie le grand humaniste : Peiresc.

 

Eminent connaisseur de l’histoire et de la géographie de la Provence, Peiresc s’est voulu provençal, ardemment attaché aux vestiges archéologiques, à la poésie provençale, à la noblesse d’épée et de robe qu’il a magnifiée dans la seule œuvre qu’il écrivit : elle s’intitule Histoire abrégée de Provence.

Fabri de Peiresc est un magnifique exemple de grand intellectuel, à la charnière de la Renaissance et de l’essor scientifique moderne. Peiresc ne se borne pas à la culture littéraire et livresque, mais entreprend d’observer et de faire observer, de disséquer et de décrire, en vrai humaniste, toujours au service de l’homme. Comment comprendre et expliquer les cheminements et tâtonnements de l’esprit, aux temps anciens, à la recherche du vrai. Que de leçons à y puiser : leçons de clairvoyance et d’humilité, de ténacité, de respect pour la vocation de connaître et de comprendre, qui est celle de l’homme à travers les générations.
Il faudrait étudier Archimède et Pasteur, Hippocrate et Pascal, Vinci, Paré et Einstein, en passant par le modeste et exemplaire Peiresc, qui n’a rien fondé ni inventé, lui, mais qui fut un si digne maillon dans la chaîne des hommes d’intelligence et de cœur qui font une civilisation et sont l’honneur de l’humanisme et de l’humanité.
Par un hasard exceptionnel, les étudiants « bâtisseurs », qui avaient entrepris l’immense tâche de reconstruire le village de Peyresq dans le but, bien précis, de créer un centre de rencontres internationales et de contacts humanistes, furent tout heureux de constater qu’ils n’étaient pas les premiers dans ce cadre des Alpes-de-Haute-Provence à développer ces idées de contacts internationaux, d’échanges culturels et scientifiques mais qu’ils avaient un illustre prédécesseur en Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Seigneur du village de 1604 à 1637, et dont ils pouvaient se considérer comme ses fidèles disciples.
Ce très grand humaniste que fut Peiresc, s’il pouvait se promener aujourd’hui dans le village de Peyresq reconstruit, trouverait de très grandes similitudes avec ses travaux pourtant antérieurs de près de quatre siècles. Mais Peiresc fait malheureusement partie de cette foule de personnages sur lesquels l’ombre s’était refermée, mais qui furent pourtant par leur curiosité et leur passion du savoir, les artisans, modestes et efficaces d’un changement.

 

Livre provenant de la Bibliothèque de Peiresc,
soigneusement relié en maroquin rouge et doré par Corbéran,
mettant en évidence le monogramme de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.

 

Le jardin de Peiresc à Belgentier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peiresc, infatigable épistolier, écrivit plus de 10.000 lettres. Sept copistes, présents en permanence, recopiaient soigneusement tous ses textes.
La connaissance que Peiresc diffuse en ces innombrables lettres auprès des plus grands savants de l’époque est immense.
Peiresc a été en correspondance régulière avec Malherbe, le P. Mersenne, Scaliger, Grotius, Camden, les frères Dupuy, avec le frère du cardinal Richelieu et Rubens, le diplomate-peintre, avec lequel il parle en Italien de monnaies, médailles et camées antiques, avec Galilée et Campanella pour lesquels Peiresc lutta afin de défendre ces savants aux prises avec l’inquisition.
Homme de confiance du Chancelier Du Vair et ami intime de Gassendi, qui publia en 1640, la Vita Peireskii, écrite en latin et traduite en français par l’érudit Professeur Roger Lassalle,
• Peiresc avait avant tout le culte de l’amitié. Bayle l’attestera en disant que « Peiresc était le savant du siècle qui avait le meilleur cœur« , et au village de Peyresq ne dit-on pas que les amitiés nouées à Peyresq sont les plus durables et les plus profondes.
• Peiresc aimait la terre de Provence, où il se retirait dans sa magnifique propriété de Belgentier au bord du Gapeau, et nos nouveaux Peyrescans considérent volontiers la Provence comme une seconde patrie.
• Peiresc, fervent d’astronomie, possédait à l’époque, fait assez surprenant et rare, plus de quarante lentilles pour lunettes d’observation et, après bien des démarches, une des fameuses lunettes de Galilée. Peiresc et son ami Gassendi découvrirent :
– la nébuleuse d’Orion. Le nom de Nébuleuse vient du journalier de Peiresc, où il fut employé la première fois.
– les quatres planètes médicéennes,
– Claude Mellan, sous les indications de Peiresc, dessina la première carte de la Lune, et un cirque lunaire porte le nom de Peiresc.
Nos Peyrescans ont la même passion, illustrée non seulement par leur télescope avec lequel ils scrutent le ciel, mais surtout par les célèbres rencontres de Cosmologie et leurs publications.
• Peiresc, grand collectionneur de livres et de manuscrits. Tous ses livres étaient soigneusement reliés et dorés par son propre relieur Corbéran et portaient tous son monogramme. Peiresc fait acheter à Paris ses fers à dorer et c’est du Levant qu’il obtient le superbe maroquin rouge de ses reliures. La bibliothèque de Peiresc était riche de plus de 5.400 volumes, chiffre prodigieux et exceptionnel, comme le laisse présumer l’inventaire posthume de sa somptueuse bibliothèque. Inventaire, conservé à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras et réalisé par son frère Valavez, dans un but purement conservatoire et nullement pécuniaire.

Quelques illustrations des découvertes de Peiresc

La Nébuleuse d’Orion située à mille années-lumières de notre galaxie, découverte par Peiresc le 1er décembre 1610.

1ère carte de la Lune, gravée par Claude Mellan, sous les directives de Peiresc en 1636.

Schéma d’une pièce à introduire dans un cadran solaire de direction dit « universel » dans un manuscrit de Peiresc.

Les chylifères de l’homme.

 

 

Les choses changèrent malheureusement, lorsque huit ans après, le fils de Valavez, Claude de Rians, indifférent aux intérêts intellectuels de son oncle et de son père, hérite de cette extraordinaire bibliothèque et dont il s’empressa d’organiser la liquidation.
Peiresc, que nous avons découvert comme épistolier, bibliophile, astronome, développa bien d’autres passions :
• numismate avec son médaillier de plus de 18.000 pièces: Peiresc fut le premier à utiliser les médailles et pièces de monnaie comme témoin pour éclairer l’histoire,
• archéologue,
• amateur d’art,
• historien,
• égyptologue,
• botaniste : avec l’introduction de nouvelles espèces,
• zoologue avec ses études sur les caméléons, les crocodiles, l’éléphant, l’alzaron. Peiresc introduit en France la race des chats angoras,
• physiologiste : Peiresc montre l’existence des canaux chyliphères chez l’homme et procède à de nombreuses dissections sur l’œil,
• géographe : avec son idée de réalisation du canal de Provence (Aix à Marseille)
• cartographe : carte de la Méditerranée et carte de la Lune. L’observation des éclipses a permis à Peiresc de déterminer des longitudes et des distances terrestres. C’est ainsi qu’il a été le premier à donner des dimensions exactes à la Méditerranée,
• écologiste : Peiresc fut véritablement séduit par les richessses de la nature, qu’il sut toujours protéger. A Belgentier, il possédait des jardins superbes, faisant venir du jasmin d’Espagne, des orangers de Chine, des papyrus d’Egypte,
• voyageur : Peiresc, sans souci des embûches des transports d’alors, parcourut durant son jeune âge l’Europe. Visita longuement l’Italie, séjourna plusieurs années à Paris, d’où il gagnera Londres, puis la Hollande, la Belgique notamment Anvers, Louvain, Bruxelles. Partout, les portes des savants les plus éminents s’ouvrirent pour lui, et il les séduisit par son érudition. Arrivé à l’âge adulte, il arrêta les voyages, « la poste, comme il le disait, voyagera pour lui ».
Peiresc apporta toute son attention à l’abbaye de Guîtres qui lui avait été donnée en bénefice.
La correspondance de Peiresc avec les savants les plus éminents de son époque a été partiellement publiée par Tamizey de Larroque dans la collection des Documents inédits sur l’histoire de France (7 volumes de 1888 à 1898).
R. Lebègue a consacré une étude remarquable aux « Correspondants de Peiresc dans les anciens Pays-Bas », et avec la collaboration d’Agnès Bresson, publia en 1985, un supplément au Tome VII de l’Edition Tamizey de Larroque et Errata « Peiresc, Lettres à divers »

 

Nicolas-Claude Fabri de Peiresc

(1580 – 1637)

 Seigneur du village de Peyresq
Humaniste
Magistrat
Savant
Astronome
Collectionneur
L’ami de Rubens et de Gassendi
Le correspondant de tous les savants de son époque

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