CONFERENCES "GRAND PUBLIC"
Méthodes et développements de la Police Technique et Scientifique française
Vauban (1633-1707), dans le cadre guerrier du règne de Louis XIV
Histoire de l'astrologie
La Pharmacogénétique et la médecine personnalisée
L'herbier numérique
 
Méthodes et développements de la Police Technique et Scientifique française

Conférencier :

Philippe-Emmanuel COIFFAIT, Directeur du LPS de Marseille

Lieu :

Annot, Campus Européen Platon

Date :

7 juillet 2007


Compte rendu

La Police scientifique connaît indiscutablement un effet de mode. Le nombre de séries télévisées consacrées à ce sujet ainsi que l'engouement dont elles bénéficient en témoignent. Quelles sont donc ses méthodes et quels développements peut-on envisager ?

1. Cadre général de la Police scientifique
En France, le ministère de l'Intérieur dispose de cinq Laboratoires de Police Scientifique (LPS), à Lille, Paris, Lyon, Toulouse et Marseille. Ces LPS sont réunis, avec le laboratoire de Toxicologie de Paris, dans un établissement public : l'Institut National de Police Scientifique, l'INPS. Il faut aussi ajouter, à ces laboratoires, celui de la Gendarmerie Nationale, à Rosny-sous-Bois, dans la région parisienne. Cet ensemble de laboratoires est complété par des laboratoires privés menant leur activité dans des domaines spécialisés (biologie moléculaire et toxicologie, pour l'essentiel).
Sherlock Holmes affirmait que sa méthode était “fondée sur l'analyse des riens” et qu'il résolvait les mystères “par l'observation, la déduction et la synthèse logique”. Observer, analyser, déduire, voilà les méthodes de la Police scientifique.
Les laboratoires de Police Scientifique ne travaillent que dans un cadre judiciaire. Toutes les pièces sur lesquelles un enquêteur ou un magistrat désirent une ou des analyses doivent avoir été placées sous scellés, dans le cadre d'une procédure rigoureuse conforme au Code de Procédure Pénale.

2. Des traces aux indices
C'est la première étape de la police scientifique. Elle a lieu sur la scène de crime où toutes les traces que le criminel a pu laisser sont recherchées. C'est une étape absolument déterminante et l'attention qui doit y être portée est toute particulière. En France, cette recherche de ces traces qui peuvent être autant d'indices, est menée par des enquêteurs spécialisés ayant subi une formation très poussée.
2.1. La scène de crime
Il faut être exercé à détecter la moindre trace et avoir acquis une perspicacité aiguisée. Il faut aussi veiller à ne laisser sur cette scène de crime aucun indice lié aux enquêteurs ou, d'une manière plus générale, aux différents intervenants sur ce lieu très privilégié, unique et particulièrement fragile. Il convient donc d'en contrôler très strictement ses accès, et de veiller à ce que le moins de monde possible pénètre sur la scène de crime : dans notre culture latine, on sait mal l'interdire, par exemple, aux autorités civiles ou policières...
Ces techniciens de l'investigation sur les scènes de crimes sont devenus désormais de véritables gestionnaires de scènes d'infraction. Des photographies précises et détaillées sont prises, avant toute recherche de trace. La totalité de la scène de crime est ainsi enregistrée. Tout indice récupéré est également photographié et scrupuleusement repéré. Un plan détaillé est dressé : il permettra de pouvoir replacer dans leur contexte toutes les traces trouvées.
Ces photographies faites, la première investigation est la recherche d'empreintes digitales. Cette recherche se fait, sur la scène de crime, par saupoudrage d'une poudre aux particules extrêmement fines, susceptibles d'adhérer aux traces de contact de doigts portées par des objets qui ne peuvent être transportées au laboratoire. Lorsqu'une trace est révélée, on procède à son transfert sur un film adhésif reporté ensuite sur une fiche transmise au laboratoire pour analyse.
Sur les objets pouvant être déplacés et susceptibles d'avoir été manipulés par des criminels, les techniciens, en laboratoire, utilisent des méthodes physico-chimiques impossibles à mettre en oeuvre sur la scène de crime. On peut par exemple citer la révélation par fumigation au cyanoacrylate sur les supports non poreux, ou l'aspersion de ninhydrine sur les supports poreux, le papier essentiellement.
Une fois l'empreinte digitale mise en évidence, les techniciens, en laboratoire, recherchent un certain nombre de points caractéristiques : les minuties. Ce sont des interruptions de crêtes, des bifurcations, des figures en delta, des boucles, etc... Ces données sont entrées dans un fichier informatique, le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED). Ce système constitue une aide précieuse du fait de la puissance actuelle de l'informatique pour les experts qui, in fine, font le rapprochement entre deux empreintes. Actuellement, avec plusieurs millions d'empreintes enregistrées (appartenant à des individus ou à des traces non encore identifiées) le FAED est un outil permettant de résoudre, chaque année, des milliers d'affaires. Du fait de son ancienneté et de la puissance des installations mises en oeuvre, le FAED est encore aujourd'hui plus efficace que le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG), beaucoup plus médiatisé.
2.2. Les traces latentes
La scène de crime contient souvent d'autres empreintes que les empreintes digitales. Ce sont par exemple des traces de pas, des traces biologiques (sang, sperme, sueur, ...), etc... Ces traces, le plus souvent, ne sont pas visibles à l'œil. Ce sont des traces dites latentes, que les techniciens de scène de crime doivent révéler.
Cette révélation peut se faire par des moyens physiques, essentiellement liés à l'éclairage. Ainsi une lumière rasante peut révéler des traces de pas. Sous un éclairage UV, certaines sécrétions biologiques deviennent fluorescentes. Les prélèvements sont alors effectués avec perspicacité.
Les enquêteurs peuvent aussi utiliser des méthodes chimiques pour révéler ces traces latentes. Ainsi, les techniciens de scène de crime utilisent le luminol (Blue Star) pour révéler des traces de sang. En présence d'hémoglobine, ce produit, sous éclairage UV, provoque l'émission d'une lumière bleue intense. Des traces très ténues, par exemple des traces ayant été lavées, peuvent ainsi être mises en évidence. Ainsi, dans une affaire médiatique, dite du Grand Bornand, alors que le chalet où 5 personnes avaient été assassinées avait été parfaitement nettoyé, les enquêteurs ont-ils pu récupérer des traces de sang de 6 personnes : celui des 5 victimes et celui de l'assassin.
2.3. La pertinence des prélèvements
Les prélèvements sur une scène de crime doivent parfois être effectués par des personnels ayant une très longue expérience en la matière. C'est tout particulièrement le cas en matière d'incendies et d'explosion. Dans ces affaires, l'observation est fondamentale et ce sont des spécialistes affirmés qui doivent intervenir sur le lieu des sinistres ou des attentats. Faute de quoi, les prélèvements risquent fort de ne pas permettre au laboratoire qui les analysera d'aboutir à une conclusion.

3. Des indices à la preuve
Les traces récoltées sur la scène de crime vont constituer autant d'indices qui, s'ils “parlent” vont devenir autant d'éléments de preuves. C'est là la mission des laboratoires de police scientifique.
Nos différents domaines d'activité sont ici présentés, en suivant un ordre alphabétique.
3.1. La balistique
C'est une méthode déjà ancienne et dont l'efficacité est établie. Elle vise, fondamentalement, à rapprocher un projectile retrouvé dans une affaire d'une arme retrouvée par ailleurs (sur une scène de crime, sur un suspect, à un domicile, etc. ...).
Le calibre, lié à la fabrication de l'arme et du projectile, constitue une première indication. Mais, dans les cas d'identité de calibre, ce sont les caractéristiques acquises par l'arme, au cours de son utilisation, qui vont être utilisées comme méthode de rapprochement.
Les constructeurs d'armes ont en effet observé que, si on donne au projectile un mouvement de rotation sur lui-même, sa trajectoire est plus tendue, le tir est plus précis. Pour faire tourner une balle sur elle-même, la méthode la plus utilisée est de munir le canon des armes de cannelures. Lors de son éjection, la balle va, en quelque sorte, se visser sur ces cannelures et acquérir la rotation souhaitée. Dès qu'une arme a servi un certain nombre de fois, les cannelures du canon sont rayées et, simultanément, rayent les projectiles. Il suffit de comparer les rayures du canon de l'arme incriminée et celles observées sur le projectile.
Ces méthodes de balisticiens ont fait leur preuve. Mais elles sont largement connues des truands qui préfèrent maintenant, une fois leur forfait commis, se débarrasser de leur arme. Un exemple est ce qui s'est passé lors de l'assassinat, à Ajaccio, du préfet Érignac : l'arme a été laissée sur place...
3.2. La biologie moléculaire
L'essor de la biologie moléculaire a été ces dernières années extraordinaire, au point de constituer maintenant la méthode la plus mise en oeuvre et la plus médiatisée de la police scientifique.
L'ADN (acide désoxyribonucléique) est une molécule formée de deux brins, un peu à la manière d'une fermeture “Éclair” : chaque brin est complémentaire de l'autre et est constitué de 4 bases (nucléotides) appariées 2 à 2 pour former la molécule. Cet assemblage de nucléotides (environ 3 milliards chez l'homme) constitue le code génétique de chaque être vivant. Il permet, par un processus un peu complexe, la fabrication des protéines qui assurent les différentes fonctions biologiques. Comme autant de livres de recette, les différentes parties de l’ADN qui permettent ces synthèses de protéines, constituent ce que les biologistes appellent des gènes. Un gène correspond donc à une séquence de nucléotides à un endroit donné de la molécule d'ADN.
En police scientifique, on étudie les caractéristiques de deux types d'ADN contenus dans les cellules, au niveau du noyau et au niveau des mitochondries. Le noyau contient un ADN hérité, pour moitié de la mère et pour moitié du père. Il est soumis, à chaque génération, à un véritable brassage aléatoire contribuant à ce que chacun d'entre nous ait un ADN qui lui soit propre. Ses caractéristiques sont ainsi propres à chacun d'entre nous et les connaître permet, en police scientifique, d'identifier son propriétaire.
L'ADN contenu dans les mitochondries est un ADN beaucoup plus abondant que l'ADN nucléaire. Les mitochondries (véritables centrales énergétiques des cellules) sont de leur côté beaucoup plus résistantes que le noyau des cellules. L'ADN mitochondrial qu'elles contiennent résiste des années, voire des milliers d'années, après la mort des cellules. L'analyse de cet ADN mitochondrial serait donc une méthode particulièrement intéressante pour la police scientifique s'il était caractéristique d'un individu. Malheureusement ce n'est pas le cas. Il n'est pas soumis au brassage génétique lors de la reproduction sexuée, puisqu'il provient, exclusivement, de la mère. Ainsi, tous les frères et sœurs, tous les cousins issus d'une même lignée maternelle possèdent-ils le même ADN mitochondrial. C'est pour cela que l'analyse de l'ADN mitochondrial n'est utilisée, en police scientifique que dans des cas particuliers, comme dans le cas d'ossements par exemple, ou pour guider les enquêteurs, en excluant des individus comme suspects éventuels.
Pour déterminer les caractéristiques d'un ADN, il faut en posséder une certaine quantité. Or, l'ADN contenu dans un prélèvement fait sur un individu ou, a fortiori celui contenu dans une trace prélevée sur une scène de crime n'est pas en quantité suffisante pour en déterminer les caractéristiques. La nature de la molécule d'ADN, en deux brins complémentaires, rend très facile sa multiplication. En police scientifique, on ouvre la molécule d'ADN en deux, par dissociation des deux brins. On synthétise ensuite chaque brin manquant, ce qui se fait très facilement, puisqu'il est complémentaire du brin existant. À la fin de l'opération, on dispose de deux fois plus d'ADN qu'au départ. Si on répète cela une quinzaine de fois, on obtient 215 fois plus d'ADN, c'est à dire suffisamment pour pouvoir déterminer ses caractéristiques.
Une seule méthode est désormais utilisée en police scientifique. Elle est fondée sur le fait que, à certains endroits de la molécule, en dehors de ceux correspondant aux gènes, une même courte séquence de nucléotides est répétée un certain nombre de fois. Ce nombre de répétitions est variable d'un individu à l'autre. C'est la méthode des STR (Short Tandem Repeats). On étudie ces répétitions à 14 endroits de la molécule, toujours en dehors des gènes. Le profil “génétique” obtenu se présente sous la forme d'un signal électrique à plusieurs pics. Ces pics sont repérés par rapport à des étalons et il en résulte une suite de nombres qui peut aisément se prêter à un traitement informatique.
Seuls 2% de la molécule d'ADN correspond aux gènes. Il n'est pas difficile par conséquent d'étudier les 98% restant ! Ces 98% ne sont pas “inutiles” pour autant. Une page imprimée reste blanche à plus de 95%. Mais ces espaces entre les lignes, entre les mots, entre les lettres et au sein même des lettres permettent précisément de reconnaître les lettres, les mots et les phrases ainsi formées.
Le fait de se placer en dehors des gènes, correspond à une volonté éthique de s'interdire toute information à connotation médicale ou raciale. On ne sait pas si l'ADN analysé est celui d'une personne de couleur ou appartenant à tel ou tel groupe ethnique. On ne peut pas plus préciser si son porteur a une prédisposition à telle ou telle maladie, génétique ou non génétique. L'information donnée par ces variations des STR n'est pas une information génétique, puisqu'elle concerne la partie de la molécule située entre les gènes et en dehors des gènes. Et il n'échappe à personne qu'il ne s'agit pas d'une empreinte, trace laissée sur un support par contact. Les “empreintes génétiques” ne sont pas des empreintes et elles n'ont rien de génétique ! Elles sont obtenues par les méthodes utilisées en génétique et sont aussi caractéristiques d'un individu que les empreintes digitales, d'où leur nom. Cette absence de caractère génétique élimine, dès lors qu'on le connaît, les réticences de certains à leur utilisation. Il n'y a absolument pas violation de l'intimité d'un individu, et aucune utilisation en médecine (par un employeur ou par un assureur peu scrupuleux) ne peut être faite. Elles caractérisent un individu, comme les empreintes digitales ou les mesures squelettiques de Bertillon le permettent.
Où trouve-t-on de l'ADN ? Dans toutes les cellules ! Tous les liquides biologiques en contiennent : sang (globules blancs), sperme (spermatozoïdes), salive (cellules des parois des glandes salivaires et des muqueuses buccales), urine (cellules des canaux urinaires, de la vessie). On trouve aussi de l'ADN dans les cellules des os, des dents, des racines des cheveux et des poils. Dans ces cas, l'ADN nucléaire peut être dégradé et difficile à caractériser. On étudie alors l'ADN mitochondrial.
L'efficacité de l'ADN dépend avant tout du développement de la base de données qui regroupe l'ensemble des résultats acquis, permettant ainsi les recoupements. Aujourd'hui, avec plus de 400.000 individus signalisés et traces non résolues, elle permet des milliers de recoupements par an, soit autant d'affaires résolues. En Grande Bretagne, grâce aux 3 millions de profils ADN enregistrés depuis une dizaine d'années, plus de 1000 traces d'origine inconnues peuvent être chaque mois attribuées à un individu : dans 80% des affaires de voitures volées et retrouvées, l'auteur du délit est identifié... L'efficacité de l'ADN a aussi permis aux États Unis d'Amérique d'innocenter des dizaines de condamnés à mort qui, faute de cette méthode, auraient été exécutés.
Nous avons vu que la réticence de la transmission aux autorités policières et judiciaires de données génétiques était scientifiquement non fondée. Une autre objection réside dans la nature des faits menant à l'inscription des profils ADN dans la base nationale. En France, l'enregistrement du profil des personnes condamnées pour crimes et délits est systématiquement réalisé. Il en est de même pour les personnes mises en cause dans des infractions de cet ordre. Par contre, les profils ADN des personnes faisant l'objet d'un “simple” soupçon peuvent être comparés à ceux de la base nationale, mais ne sont pas conservés. Soulignons enfin que c'est sur pression de l'opinion publique, lassée des crimes qui auraient pu être évités, que le FNAEG a été mis en place par le pouvoir législatif et que, s'il est administré par la Police Nationale, il demeure un fichier judiciaire, placé sous le contrôle d'un magistrat.
3.3. Les faux documents
En criminalistique, deux types de documents sont analysés : les documents imprimés (essentiellement documents administratifs : passeports, cartes d'identité, permis de conduire, permis de travail, etc. ...) et les documents manuscrits.
L'analyse des documents imprimés porte sur le type de papier utilisé, le mode d'impression, la présence des sécurités (éléments fluorescents, microimpressions, microperforations laser, etc. ...). Les méthodes sont à ce point efficaces que, dans le cas des photocopies couleur, on peut remonter jusqu'au modèle et même au numéro de série de l'appareil utilisé.
En matière d'analyse de documents manuscrits, le graphisme du scripteur est naturellement étudié, en faisant non pas de la graphologie, mais de la graphométrie : forme des lettres, espaces entre les mots, entre les lignes, etc. ... C'est un domaine particulièrement délicat car essentiellement dépendant des capacités d'observation de l'expert, nécessitant une longue expérience en la matière.
L'analyse des documents manuscrits comporte également l'analyse du support et de l'encre utilisés. La plupart des encres possèdent la capacité d'émettre une lumière lorsqu'elles sont éclairées à une longueur d'onde donnée. Ainsi une encre paraît bleue lorsque, illuminée par de la lumière, elle renvoie une lumière bleue. Une encre est noire si la longueur d'onde qu'elle renvoie se situe en dehors du spectre de la lumière visible. Mais, éclairée par un rayonnement infrarouge d'une longueur d'onde donnée, une encre noire peut se mettre à émettre, se différenciant ainsi d'une autre encre noire utilisée sur le même document. Un exemple est donnée (emprunté à la littérature) d'une reconnaissance de dettes de 5 $ maquillé en reconnaissance de dette de 5.000 $.
3.4. Les incendies et les explosions
Il a déjà été dit combien la qualité des prélèvements dans ce domaine constituait un élément déterminant pour le succès des méthodes analytiques mises en œuvre en laboratoire.
En matière d'incendie, l'usage de produits accélérant utilisés pour la mise à feu et la propagation rapide de l'incendie est recherché. De telles substances signent la nature criminelle des incendies : il est anormal de retrouver les restes de mélange d'essence et de gazole dans l'incendie d'une chambre à coucher. Par contre, de telles substances sont utilisées dans un garage de mécanicien et leur présence n'est pas forcément d'origine criminelle dans les restes d'incendie de ce type d'atelier.
En matière d'explosion, c'est la nature de l'explosif utilisé qui est recherchée. Celle-ci renseigne souvent les enquêteurs sur le groupe auquel appartenaient les auteurs de l'attentat. Bien que cela n'ait rien d'absolu, autonomistes basques ou autonomistes corses n'utilisent pas usuellement les mêmes explosifs. Que ce soit à Rabat ou à Londres, les terroristes islamistes mettent souvent en œuvre les mêmes explosifs artisanaux.
3.5. Les microtraces
L'analyse des microtraces est un domaine particulièrement vaste en criminalistique, puisque ces microtraces peuvent être de natures très variées. Nous pouvons citer : les traces de peinture (par exemple de Fiat Uno blanche !) les microrestes de verre, de terre, les microrestes végétaux, les pollens, les diatomées, les fibres, etc. ... Toutefois, l'activité principale dans ce domaine est la recherche des microtraces de poudre sur les mains des personnes suspectées d'avoir fait usage d'une arme à feu. Et dans le midi de la France, l'usage d'armes à feu n'est pas chose très exceptionnelle...
Lors du tir avec une arme à feu, il y a un fort dégagement des gaz résultant de la mise à feu des poudres contenues dans l'amorce et dans la cartouche de la munition utilisée.
On retrouve ces particules de poudre, appelés “résidus de tir”, préférentiellement sur la face externe, l'index et le pouce de la main tenant l’arme utilisée pour le tir.
Si, dans le passé, il a existé différentes méthodes pour mettre en évidence ces résidus de tir, on utilise aujourd'hui une méthode physique mettant en œuvre un microscope électronique à balayage (MEB). Les enquêteurs tamponnent la main du tireur présumé à l'aide d'un plot recouvert d'un adhésif double face, récoltant les particules issues du tir et notamment les particules métalliques résultant de l'explosion des sels de l'amorce lors de sa percussion. La composition chimique de ces particules doit correspondre à celle de l'amorce. Mais leur forme (globalement sphérique) doit aussi traduire l'état de fusion par lequel elles sont passées lors de la mise à feu de la poudre contenue dans la munition. Ceci permet d'éviter toute confusion avec une autre origine des particules retrouvées, issues par exemple d'une activité professionnelle (mécanique, bricolage, etc. ...).
En matière de microtraces, il existe également un domaine d'investigations permettant de savoir si le lieu d'une noyade correspond à celui où un corps a été retrouvé. Les eaux naturelles contiennent en effet des microalgues unicellulaires, les diatomées, vivant dans une coque siliceuse caractéristique. Cette coque (frustule) résistante subsiste, même après la mort des diatomées. Il est dès lors possible de comparer la population des diatomées de l'eau dans laquelle est retrouvé le corps avec celle existant dans les poumons. Si ces populations sont identiques, rien ne s'oppose à ce que la noyade ait eu lieu à l'endroit où le corps a été retrouvé. Si ces populations sont différentes, le lieu de la noyade est autre, et le corps a été transporté à l'endroit où il a été retrouvé.
3.6. Les stupéfiants
En criminalistique, les laboratoires de police scientifique recherchent, mettent en évidence et dosent les produits stupéfiants, que ce soit en nature, ou à l'état de trace sur des supports divers (tapis de coffre de véhicules, balances, couteaux, etc. ...).
Les stupéfiants appartiennent essentiellement à quatre grandes familles : cannabis et dérivés, opiacés (héroïne, etc. ...), cocaïne et drogues de synthèse (ecstasy entre autres). Détermination et dosages se font par chromatographie couplée ou non à la spectrométrie de masse. Quand les quantités sont suffisantes (stupéfiants en nature et non en traces), une orientation peut très rapidement être donnée par spectrométrie infrarouge à transformée de Fourrier.
3.7. La toxicologie
Le domaine de la toxicologie est celui des poisons ingérés par un organisme. En criminalistique, c'est un domaine où les analyses sont particulièrement longue, compte tenu de la très grande diversité des substances toxiques existant et compte tenu du fait qu'une substance toxique, à l'intérieur d'un organisme, se dégrade en différents métabolites successifs.
Les laboratoires de police scientifique recherchent les toxiques ou leurs métabolites, les dosent de manière à en préciser la dose ingérée et les effets qui en ont découlé.
Les laboratoires de police scientifique interviennent beaucoup en matière de sécurité routière, afin de déterminer l'alcoolémie et l'usage éventuel de stupéfiants chez les conducteurs impliqués dans les accidents de la circulation ou interceptés lors de contrôles impromptus.
Il est politiquement peu correct d'affirmer que, en France, le Cannabis est lié à plus de 1.200 morts par an. Et pourtant... Lors des accidents mortels de la circulation, une recherche systématique de l'alcool et des stupéfiants est faite dans le sang des mis en cause. Dans plus de 25 % des cas, le Cannabis est présent. Sachant que, pour la France, le nombre annuel des décès par accident de la route est de près de 5.000, il est scientifiquement établi que le Cannabis est lié à plus de 1.200 morts chaque année. Cela ne prouve pas qu'il en soit la cause directe, mais ces statistiques, pourtant connues de tous les responsables en la matière, sont tues.
Il est également politiquement correct d'affirmer que le Cannabis est une drogue douce. Pourtant, chez un fumeur habituel, nous pouvons, deux mois et demi après son dernier joint, retrouver les alcaloïdes du Cannabis dans les prélèvements autopsiques de son cerveau. C'est en effet dans les lipides constituant des neurones du cerveau qu'est stocké pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, le principe actif du Cannabis. Et, dans les laboratoires de police, nous retrouvons dans les urines des fumeurs les métabolites de ce principe, plusieurs jours après la consommation du Cannabis. L'usage de cette drogue étant interdite, en cas d'accident de la circulation, la responsabilité du fumeur se trouve totalement engagée plusieurs jours après un joint... La banalisation de cette drogue est, à mon sens, profondément irresponsable, les jeunes fumeurs ignorant autant les faits scientifiques liés à cette consommation que les conséquences pénales susceptibles d'en découler.
Enfin, à voir ce qui circule dans le monde des trafiquants, acheter de la drogue à un inconnu revient à jouer à la roulette russe. Qu'est-il advenu de ces consommateurs qui, croyant se procurer de la cocaïne se sont vu vendre de la soude caustique, comme nous l'avons rencontré dans une affaire ?

4. Développements
4.1. Nouvelles technologies de l'information

Notre environnement est désormais envahi d'équipements où l'informatique occupe une place de plus en plus importante. Pour les enquêteurs cela constitue autant d'éléments susceptibles d'investigations scientifiques dans les laboratoires. Bien naturellement il s'agit d'abord des ordinateurs dont les disques durs peuvent, à l'analyse, livrer des éléments de preuve pouvant être déterminants. C'est naturellement le cas dans les affaires de pédophilie. Mais beaucoup d'affaires d'autres natures ont été résolues par l'examen de disques durs : fabrication de faux documents administratifs, de faux billets de banque, de fausses factures ou de faux bulletins de salaire, etc. ... Quelques affaires ont pu être élucidées par l'analyse de disques durs : datation d'une lettre anonyme établissant que l'auteur de la lettre l'avait rédigée avant que l'assassinat n'ait été découvert, invalidation d'un alibi fondé sur l'heure exacte de parties de jeux sur ordinateur : les paramètres de réglage de l'heure avaient été subtilement modifiés, etc. ...
4.2. Téléphones portables
L'analyse des téléphones portables (GSM) est généralement très riche d'enseignements pour les enquêteurs. D'abord naturellement par les numéros des communications passées et, d'une manière générale par la liste des correspondants habituels que chaque GSM peut fournir lors de l'examen de sa mémoire. Il ne faut pas non plus oublier un penchant de la nature humaine : se vanter de ses exploits. Dans plusieurs affaires, les malfrats ont été confrontés aux photos qu'ils avaient prises de leur butin, et ainsi confondus.
Enfin, chacun sait désormais que chaque communication peut être “géolocalisée”, c'est-à-dire qu'il est possible d'en connaître la localisation, par connaissance de l'émetteur relayant la communication. La brièveté des cavales des évadés de prison trouve certainement là son explication.
4.3. Analyses audio
Dans le champ des nouvelles technologies, on peut aussi évoquer les possibilités d'identification des voix humaines par analyse d'enregistrement de conversation. La police française dispose à Écully, dans la banlieue lyonnaise, d'un laboratoire hautement spécialisé dans ce type d'examens. L'analyse des revendications (ou de dénonciations) téléphoniques d'attentats par exemple a permis, dans plusieurs cas, d'identifier le locuteur.

5. Conclusion : mise en perspective
5.1. Une nouvelle forme de police

Nous avons déjà signalé la sensibilité de la scène de crime, qui induit un nouveau comportement des policiers intervenant sur la scène d'infraction.
L'aide que les laboratoires de police scientifique est susceptible d'apporter aux enquêteurs a profondément révolutionné, ces dernières années, les méthodes d'enquête. Désormais, la preuve fondée sur des observations et des analyses scientifiques remplace l'aveu. Les fichiers d'identification (d'empreintes digitales – FAED -, de profils ADN - FNAEG -) deviennent des outils particulièrement précieux pour les enquêteurs et les magistrats. Il en résulte une nouvelle approche du métier, le recours aux laboratoires de police scientifique devenant désormais pratiquement systématique.
5.2. Un double écueil à éviter
Il faut toutefois veiller à éviter un double écueil. Le scientifique ne doit jamais se substituer ni à l'enquêteur ni au juge d'instruction. L'expérience d'une douzaine d'années en matière d'ADN, qui reste la reine des preuves en matière d'identification nous a montré l'importance des autres données de l'enquête de manière à mettre nos résultats en perspective. Malgré la précision de nos analyses, l'enquêteur doit poursuivre son enquête en mettant en œuvre ses techniques habituelles d'enquête (recherche auprès du voisinage, des proches de la victime, de son environnement professionnel, etc. ...) sans attendre que le laboratoire vienne lui apporter la preuve scientifique qu'il attend.
De même le magistrat ne doit pas attendre de l'expertise faite en laboratoire l'élément déterminant qui l'amènera automatiquement à la vérité, d'autant plus irréfutable qu'elle reposera sur des éléments scientifiques que l'on ne sait pas, que l'on ne peut pas remettre en question. La question du type “Monsieur l'expert, c'est bien lui le coupable ?” ne peut pas, ne doit pas être posée. Les laboratoires de police scientifique apportent des éléments de preuve dans un dossier judiciaire. Certes il s'agit là d'éléments solides. Mais ce ne sont que des éléments du dossier et l'intime conviction de celui à qui il revient de dire le droit doit, toujours, rester l'élément déterminant.
Philippe-Emmanuel COIFFAIT

Vauban (1633-1707), dans le cadre guerrier du règne de Louis XIV
 

Orateur :

Jean Dhombres, Directeur d’études à l’EHESS et Directeur de Recherche au CNRS

Lieu :

Colmars-les-Alpes

Date :

16 juillet 2007


Compte rendu :

Un anniversaire encore, le tricentenaire de la mort de Vauban, l’homme des sièges et des fortifications, méritait une présentation dans une ville militairement aménagée comme Colmars les Alpes : un nombre considérable de personnes sont alors venues assiéger la salle polyvalente où se tenait la conférence, la clef de la salle se faisant péniblement attendre. Après installation improvisée, et malgré l’absence d’un rétroprojecteur qui aurait pourtant été fort utile pour visualiser des fortifications, il a été possible à Jean Dhombres de présenter l’homme que fut Vauban, fait maréchal sur le tard.
Il ne fallait pas tomber dans l’hagiographie qui trop souvent s’empare des “héros” français, ni dans la critique érudite des systèmes de fortifications qui n’intéresse plus guère aujourd’hui.
C’est l’esthétique du monument qui demeure, avec cette impression d’une uniformité française, capable néanmoins de s’adapter à la variabilité des situations des différentes villes fortifiées.
La présence de Vauban sur les sites, sa connaissance raisonnable des lieux, et des hommes, explique, même lorsqu’il n’a fait que passer, le sentiment de belle uniformité que l’on ressent.
On lui attribue alors bien plus qu’il n’a dirigé.
Il lui fallut être un constant voyageur sur les souvent mauvaises routes de France, et Vauban n’est pas le prototype du courtisan scotché à Versailles pour recevoir des subventions. Il n’en est pas moins très lié au personnel politique, et notamment à Louvois, dans le cadre sans cesse guerrier du règne du roi soleil.
Heureusement bien des publications ont pu ponctuer ce tricentenaire, dont l’édition d’écrits de Vauban, ses Oisivetés notamment et ses remontrances au roi concernant l’impôt, la fameuse Dîme qu’il suggérait de faire payer à tous les chefs de famille, indépendamment de leur rang dans la société.
Vauban n’a pratiquement pas eu de formation scolaire, devenant vite un militaire, et pourtant l’esprit du Discours de la méthode, écrit par un autre militaire, Descartes, apparaît le plus souvent dans ses descriptions et ses pensées.
Vauban manifeste au Grand siècle une grande confiance dans les mathématiques, et dans le dessin géométrique, pour exprimer une pensée de l’action.

Histoire de l'astrologie

Orateur :

Jean Dhombres, Directeur d’études à l’EHESS et Directeur de Recherche au CNRS

Lieu :

Villars-Colmars

Date :

24 juillet 2007


Compte rendu :

En dépit de la différence considérable des opinions sur l’astrologie, personne n’ignore son signe astrologique, et beaucoup de gens connaissent même leur décan et à tout le moins les traits psychologiques généralement attribués à leur signe.
L’astrologie prend place régulièrement dans des rubriques de journaux, ceux au moins qu’on lit en prenant patience chez un coiffeur.
Mais si beaucoup reconnaissent que traditionnellement les universitaires, et notamment les scientifiques, ne donnent aucune valeur aux affirmations ou conclusions astrologiques, peu de personnes savent que l’astrologie n’est pas immémoriale, ou issue d’une antique sagesse qui serait plus ou moins perdue aujourd’hui.
Elle a vécu des phases de développement très différentes, notamment pour décrire un diagnostic médical (la bile noire du mélancolique et l’association à Saturne).
La phase d’aujourd’hui, qui la réduit aux pronostics personnels, est certainement la plus débile ; elle n’en répond pas moins à un souci de sécurité vis à vis de l’avenir, auquel la science répond aussi, mais en faisant valoir la nature de ses raisonnements et ses incertitudes.
L’astrologie est avare d’explications.
C’est sur l’histoire des signes du zodiaque que la conférence a porté essentiellement, avec le zodiaque grec, et sur le vocabulaire descriptif des maisons du Soleil que l’astrologie comporte.
Est alors révélatrice l’histoire d’un zodiaque découvert en 1799 par les soldats de Bonaparte dans le temple de Dendérah en Haute Egypte : il fut rapidement et “scientifiquement” interprété comme donnant une date pour ce temple, environ 2500 ans avant notre ère.
Mais la lecture des inscriptions en grec autour du zodiaque, puis le déchiffrement par Champollion des hiéroglyphes à partir de 1825, ont permis de prouver une datation plus récente, vers le premier siècle de notre ère. Le zodiaque de Dendérah, qui est maintenant au Louvre dans les galeries égyptiennes, n’est donc qu’un document astrologique.
Il n’en intéresse pas moins les historiens et les historiens de l‘art, non pour reprendre la thèse d’une science mirifique dans un lointain passé, mais pour saisir les mentalités d’une époque.
L’astrologie peut être un assez bon miroir de nos façons communes de voir les choses.

La Pharmacogénétique et la médecine personnalisée

Orateur :

Jacques Berlo, Pharmacien Biologiste

Lieu :

Saint-André-les-Alpes

Date :

6 septembre 2007

Présents : environ 20 personnes – toutes de St.-André-les-Alpes et environs
Entre autres présents : Nathalie Mistral, Serge Prato (commune de St.-André-les-Alpes), Mr. Bernard Molling (Président de l’Association Art et Culture de Peiresc), Muriel, Charly et Simone Grac, Louisette et Jacqueline Waffelaer, Mr. et Madame Felix Jaume et d’autres habitués

Compte rendu

Chacun a déjà pu constater dans son entourage que la réponse à un médicament peut être variable d’une personne à l’autre.
Les facteurs qui interviennent lors de la transformation des médicaments dans notre organisme sont d’une part des facteurs environnementaux, tel que l’alimentation, le tabagisme, l’alcoolisme, l’interaction médicamenteuse, les polluants ou l’interaction d’autres maladies et d’autre part, nous savons maintenant qu’il y également des facteurs génétiques qui peuvent expliquer la variabilité de réponse à un médicament d’une personne à l’autre.

Le typage génétique d’une personne (la Pharmacogénétique) permet actuellement de prévoir pour une maladie donnée quels médicaments sont les mieux adaptés pour elle.

Cette nouvelle approche de médecine personnalisée permettra d’intervenir plus rapidement avec un traitement efficace à la suite d’un diagnostic médical, d’éviter des effets secondaires inutiles et de diminuer le coût total du traitement d’une maladie.


Un drink offert par la Serge Prato a suivi la conférence et a permis aux personnes présentes de poser de nombreuses questions et de manifester leur intérêt pour ce sujet.

L'herbier numérique
 

Orateur :

Monique gabriel et Michel Démares

Lieu :

Annot, Campus Européen Platon

Date :

15 septembre 2007


Compte rendu :

Le site "Herbier numérique" vous permet de découvrir le patrimoine floristique des vallées des Asses, du Verdon, de la Vaïre et du Haut-Var au travers de différentes rubriques.
Le site est consultable à l'adresse www.herbier-a3v.org ; sa conception a été expliquée par Monique Gabriel.
La base de données botaniques richement documentée regroupe plus de 1000 taxons.
Le point fort de ce site est qu'il constitue un formidable outil à la détermination floristique, à partir de critères simples à observer. Son ergonomie pratique et la progression logique de la recherche en font un système pratique à utiliser. La recherche n'est jamais bloquée et on peut quitter le système de requêtes à tout moment pour obtenir une liste de réponses possibles. La vérification est facile par comparaison visuelle des diapositives proposées.
La rubrique "habitats" vous conduit à la découverte des principaux milieux représentés sur le territoire du Pays A3V, avec des listes d'espèces végétales associées à ces milieux et des propositions de parcours à la découverte de ces habitats.
La rubrique "circuits" vous propose des idées de balades et petites randonnées avec parcours botaniques et écologiques. La partie "sentiers thématiques" reprend l'ensemble des circuits botaniques/écologiques existant sur le territoire du pays A3V; la partie "promenades botaniques" propose des circuits non balisés à la découverte d'habitas naturels et des plantes qui y sont associées.
Michel Démares nous a emmené sur l'un de ces parcours proposés. Il nous a montré à l'aide de photos splendides la diversité des milieux et les plantes rencontrées du côté Vallée du Verdon depuis la ville de Colmars jusqu'au sommet du Col des Champs.
Au départ de Colmars la route s'élève en lacets à travers une forêt mixte de pins, de sorbiers, d'épiceas, de bouleux, de trembles,… Le sous-bois, visible de part et d'autre de la route, abrite des espèces herbacées (la vesce, la campanule des bois, l'anémone hépatique, la primevère élevée, la campanule agglomérée, l'épervière à feuilles de prenanthes), et arbustives telles que le camérisier et le cytise à feuilles sessiles. Puis la route s'élève dans le mélézein où l'on peut observer le lys martagon, l'astragale, le raiponce de Haller, le prenanthe, l'ancolie, le géranium. Puis le paysage s'ouvre doucement. Les mélèzes se font plus rares. Le milieux rocailleux accueille la doronique, l'aster, la joubarbe, le sainfoin, le lys, la caille-lait jaune mais aussi le delphinium, la livèche, la pulsatille, l'épilobe de Fleisher, la gentiane ciliée, le laurier de St Antoine, l'edelweiss et la dryade. L'étage alpin se précise avec dans les éboulis, la linaire alpine, le pavot alpin, le vélar, l'ail à fleur de narcisse; dans les éboulis stabilisés, la bérardie, le gypsophile, la minuartie, le silène acaule, la campanule alpestre, le daphne; dans les éboulis non stabilisés, l'adenostyle; dans les pelouses, la nigritelle, l'œillet, la vulnéraire, les gentianes, le lotier des Alpes, le trolle, la pensée à éperon, le trèfle alpin, le pied de chat, la centaurée uniflore, l'orchis grenouille, la colchique, le bulbocardium, le crocus; au Ratery, dans les milieux humides, l'orchidée de Fuchs, l'orchidée couleur de sang, l'orchidée moucheron, la selaginelle, la linaigrette; dans les suintements, le saxifrage, la parnassie, la grassette; dans les combes à neige, la renoncule des Pyrénées, la primevère farineuse, la renoncule des glaciers, la soldanelle, la swertie; dans les roubines (marnes noires au sommet du Col) le sainfoin de Boutigny, la crépide naine. En outre sur le versant côté Alpes maritimes, on observe dans les pelouses la pivoine et l'orchidée sureau et dans les éboulis, l'adonis des Pyrénées.
Avant de terminer son exposé, il nous a fait découvrir les magnifiques paysages de ce circuit pour nous donner vraiment envie d'y aller à notre tour.
Exemple 1 : http://www.herbier-a3v.org/herbiernum/habitats.php
Exemple 2 : http://www.herbier-a3v.org/herbiernum/fiche.php?id=130
Monique Gabriel