Un tout jeune stoppeur, sur la route de Digne, Pierre Lamby, architecte, croisa en août la camionnette de Peyresq, conduite par Elise Lambeau, qui l’emporta vers ce village aux toits effondrés.
Pierre devint aussitôt le cerveau de la reconstruction du village de Peyresq. Il l’a pensé, médité, projeté, corrigé, dressé, redessiné, inventé, rebâti, l’a vécu sur place, avec le même esprit humaniste développé, 400 ans plus tôt, par le jeune Nicolas-Claude Fabri, Seigneur de Peiresc. Chaque ruine eut son relevé, ses plans futurs et cette voie tracée concentra les efforts et suscita de nouveaux programmes.
Pierre, l’architecte qui fit Peyresq, ne se contenta pas d’être le théoricien. Il fut aussi le réalisateur, surveillant les chantiers, veillant au moindre détail, perfectionnant sans cesse.
Avec la collaboration de l’inestimable René Simon, le célèbre maçon qui devint l’âme de Peyresq, la renaissance du village lui doit beaucoup. Le village en se rebâtissant s’embellit, mais en gardant avant toute chose, la dimension humaine et fut conçu de telle sorte que Peyresq conserve et retrouve son style original, son caractère typiquement montagnard.
Pierre, l’architecte, a fait de la renaissance de Peyresq l’une de ses œuvres maîtresses :
Relever Peyresq de ses ruines dans le plus grand respect de l’intégration au site et de l’esprit des lieux : vieilles pierres et bardeaux de mélèze.
Les efforts conjugués de Pierre l’architecte, de René Simon le maçon et des étudiants bâtisseurs, ont rendu à ces ruines leur beauté de jadis et redonné au village de Peyresq cet étrange caractère qu’avaient pu lui donner les bâtisseurs des siècles passés.
Un étrange mimétisme a donné à Peyresq le reflet de la roche à laquelle le village s’accroche. Sa beauté tient à sa merveilleuse situation sur un éperon rocheux qui domine la vallée, ainsi qu’à son architecture montagnarde, admirablement adaptée au site.
Pierre Lamby veille jalousement au respect des traditions et dans la mesure du possible à l’application des techniques anciennes. Grâce à cet effort pour conserver le caractère historique du village, et son organisation en foyers intimes autour de l’âtre, en pièces sombres et étroites, Pierre Lamby a trouvé un équilibre entre la conception pastorale de la vie montagnarde et l’organisation des maisons en fonction des rencontres, des réunions et des manifestations.
Les nombreuses activités qui se sont déroulées à Peyresq ces dernières années témoignent du succès de cet effort. Une trentaine de maisons ont été rebâties au cours de vacances actives, permettant d’accueillir d’un côté plus de cent vingt personnes, de l’autre une soixantaine. Des salles de séminaires, des laboratoires, des salles de spectacles, la cour des métiers et les théâtres en plein air, plus tard, le grand amphithéâtre naturel sont le fruit de cette réussite et le gage des possibilités de Peyresq.
Peyresq bâti en 1230, ses grottes abritant déjà à l’âge du Bronze les bergers ligures, son église romane du XIIIème siècle et ses deux cloches qui réglaient toute la vie du village, recèle diverses traces, témoignant de cette occupation lointaine : telle une hache en pierre verte polie découverte dans le sous-sol même du village et des poteries dites « Pégau » du XIème siècle, découvertes en 1957, lors du creusement pour le placement des tuyaux d’égouts.
Peu à peu, les gens du pays revinrent à Peyresq et entreprirent également de restaurer leur habitat.
D’autant plus, qu’inexistant en 1952, le village se vit équipé de l’électricité, puis de l’eau, grâce au captage de la source du Ray, située en contrebas du village et que seule une pompe électrique pouvait en remonter l’eau jusqu’au vieux château d’eau de Peyresq; de la mise en place d’un réseau d’égouts raccordés à une fosse septique, et d’une route départementale pour permettre enfin aux engins de parvenir au village.
Notre architecte, Pierre Lamby, nous donne quelques précisions sur les éléments d’architecture vernaculaire du village de Peyresq, la construction des toitures, le développement de l’habitat dans les temps anciens, le mode de fonctionnement des chantiers et sur la description des maisons de Peyresq constitué de maisons en hauteur, de peu de superficie au sol, avec de petites ouvertures pour le froid. Maisons jointives bâties avec la pierre calcaire de l’endroit et la chaux que l’on fabriquait sur place.
Jadis, le rez-de-chaussée, en général voûté et contrebuté sur la roche mère ou en tout cas sur des rochers d’éboulis choisis stables et ancrés, s’ouvrait vers la vallée abritant le bétail pour l’hiver. Ensuite, l’étage d’habitation, directement accessible latéralement, mais raccordé à l’étable sous la voûte par des trappillons, juste au-dessus du râtelier de la mangeoire, ce qui permettait, en saison de neige et de froid, de nourrir les bêtes sans devoir sortir. Ce bétail, outre qu’il résorbait par sa chaleur l’humidité de la cave, contribuait par les ouvertures au chauffage de la partie logement.
Dans la soupente, en accès direct par l’arrière, se trouvait la réserve de fourrage, matelas protecteur du froid comme du chaud. Là, aussi, des trappes permettaient de l’intérieur d’approvisionner le bétail.
Bien sûr, dans le cadre de leur restauration, l’affectation des locaux s’est trouvée bien changée.
Principe de construction des toitures en bardeaux de mélèze
Notre architecte, Pierre Lamby, nous décrit son projet dit de : « La Cour des Métiers ».
Celui-ci proposait la restauration de dix maisons, toutes dans un amas de ruines, autour de ce qui devait devenir la nouvelle placette.
Les six maisons formant l’angle nord de la place sont caratérisées par un étage à même niveau, relié par des terrasses ou balcons permettant une circulation horizontale sans interférence des autres niveaux, les liaisons verticales étant indépendantes d’accès.
Le principe d’utilisation de ces espaces de moyenne superficie (30 m2 chacun) était, lors de colloques, par exemple, d’installer des commissions de travail dans les locaux en liaison et de se réunir le soir, dans la Cour des Métiers, pour la séance plénière des différentes commissions. Mais ce n’est qu’un scénario, il y en a beaucoup d’autres. Une petite salle de projection (50 places), d’accès interne et externe, complète l’ensemble.
Une contrainte au projet : un accord préalable des groupes propriétaires riverains pour chaque animation de cet espace était indispensable, et correspond à l’esprit dans lequel tous les étudiants se sont mis à l’ouvrage par la suite.
La Cour des Métiers, conçue comme centre de vie culturelle.
Dispositif scène frontal, podium à l’Est : pour projections, concerts, théâtre à l’italienne, etc …
Dispositif scène ouverte en éperon : pour concerts, débats, théâtre à scène ouverte.
Dispositif scène ouverte en éperon : pour concerts, débats, théâtre à scène ouverte.