1967

Le Moulin

Revenons à l’année 1967, année chaude, nous dit notre architecte Pierre Lamby.
Peyresq possédait un moulin à eau, situé au confluent de la Vaïre et du Ray, dans la vallée, 500 m en contrebas. Les récoltes des restanques (terrasses) établies sur les flancs de la montagne, sous le village, étaient descendues à dos d’homme, moulues et remontées de même jusqu’au four ou aux réserves. En 1868, une crue de la rivière mit fin définitivement à son exploitation et à cet effort épuisant, peut-être, mais créant des liens de grande solidarité.
Toine eut l’occasion d’acquérir le moulin abandonné. Il en fit don à Pro Peyresq dans l’intention d’assurer sa restauration par les étudiants et son adaptation à l’accueil des randonneurs ou des voyageurs descendant du petit train des pignes à la « Halte de Peyresq » toute proche.
Le projet de restauration fit l’objet d’une longue mise au point : transport des matériaux, (25 étudiants avec 4 bardeaux chacun pour le renouvellement de la toiture, un âne chargé de ciment et un autre de sable pour le ragréage des façades), le reste se trouvant sur place (la charpente encore saine, la pierre et l’eau de la Vaïre pour le gâchage du mortier). Une belle aventure se dessinait, digne des pionniers des premiers temps de la restauration du village de Peyresq.
Hélas, au début septembre, un incendie prit naissance aux environs immédiats du moulin et gagna rapidement la pente boisée de la vallée, activé par un vent très violent. Le feu montait vers le village. Les pompiers, aussitôt alertés, arrivaient par la route et par les airs – un petit plateau, à l’entrée du village, permettait l’atterrissage des hélicoptères -. Un hameau de quatre bâtisses, situé en contrebas, sur le chemin de Méailles, La Gardivole, venait de s’embraser lorsque, miracle, le vent changea brusquement de direction et la fournaise repartit… vers l’est où les canadairs parvinrent à la circonscrire.
La Gardivole était la dernière exploitation agricole qui avait poursuivi un semblant d’exploitation et elle s’envolait en fumée avec le moulin et nos espoirs.

Menu