1967-1968

Les Montois du chantier de la maison Archimède, nous raconte notre architecte Pierre Lamby, avaient invité, depuis plusieurs saisons, à se joindre à eux, des étudiants de faculté de l’université de Liège. Ceux-ci, cédant à l’enthousiasme communicatif de leurs hôtes, parvinrent à convaincre les autorités académiques de les aider à acquérir la ruine cad. 210.
L’implantation de la ruine de l’auberge, juste à l’angle fermé de la place et présentant une vaste pièce à double orientation et double accès et de plain pied avec l’espace d’animation, avait défini l’affection idéale de ce local; le bistrot du coin !
La margelle de la citerne avait juste la hauteur d’un comptoir de bar. La citerne elle-même, offrait sa fraîcheur pour y entreposer les tonnelets de bière à pression. Il ne manquait qu’un grand feu ouvert et quelques bancs et tables pour que le décor soit complet.
Bien sûr toutes ces rêveries demeuraient d’ordre privé, les associations ne disposant d’aucune licence. La maison prit le nom d' »Amon Tchantchès » (chez Tchantchès) du nom de la célèbre marionnette folklorique liégeoise.
Le premier étage s’ouvre sur la galerie ouverte, et comme pour Mons (Archimède) et Gembloux (Cérès), la soupente est affectée aux logements avec accès indépendant. Avec la reconstruction de cette maison, la venelle s’est trouvée reconstituée, et même sur deux niveaux, l’accès vers l’arrière de l’étage Gembloutois ayant été obligé, par le refus, d’en faire un seul espace.
Le plan général de principe de la Cour des Métiers prévoyait,à l’extérieur de l’angle de jonction de la maison de Liège et de Mons, à l’emplacement d’une ruine cad. 209, dont le pignon ouest (côté mistral en cette situation) subsistait seul, une petite salle en gradins avec cabine de projection. La salle donnait directement sur la galerie couverte par son niveau supérieur. Ce mur, très ancien de par le fruit de ses angles et le choix des pierres pour un appareillage à joints fins, servait de ralentisseur aux troupeaux en transhumance. En fait, la solitude de ce pignon résultait d’une catastrophe évitée de justesse.
La bâtisse cad. 185 (actuelle « Gassendi ») avait la situation la plus haute de Peyresq et semblait escalader le couronnement de rochers qui dominent le village.
Une entaille énorme en zébrait le pignon mitoyen, découvert par l’effrondement de la ruine contiguë. Aussi, à peine acquise, nous fûmes mis, dès 1961, dans l’obligation de sécuriser cette ruine.
Avant tout, la toiture devait être délicatement retirée, car même sans surcharge de neige, elle présentait un danger d’entraînement et d’écroulement de la façade. Notre jeune entrepreneur, René Simon, fit solidement arrimer la faîtière et disposa aux cordages de retenue, sur une plate-forme naturelle située à l’abri, une équipe de gros bras estudiantins. Lui-même s’introduisit à l’arrière du plancher du dernier étage. A l’aide d’une perche, il entreprit de désolidariser, à petits coups précis, les chevrons de la sablière. Au troisième coup, dans un nuage de poussière et un grand vacarme, la façade entière bascula sur la ruine située en-dessous, de l’autre côté du chemin, qui à son tour s’effondra comme un château de cartes sur l’ancienne auberge.
Un long moment après la retombée du nuage de poussière, les étudiants, complètement hébétés se risquèrent à appeler « René, … René?… »
« T’inquiète pas » fut sa seule réponse. Il avait vu la poussière des joints couler le long des murs et s’était vivement jeté en arrière sur une partie stable du plancher préalablement repérée.

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