UNIVERSITE PIERRE MENDES FRANCE
(GRENOBLE II)
 
MEMOIRE DE DESS
GESTION ET DYNAMISATION DU DEVELOPPEMENT
 
 
 
Rénovation et valorisation de la châtaigneraie du massif d'Annot
 
 
 
Réalisé par :
FROMANGE Capucine
Enseignant encadrant :
PLAUCHU Vincent
Maîtres de stage :
DIETTE Sébastien, Pays Verdon, Vaïre, Var, animateur Charte forestière
CHABOUD Julie, Chambre d'Agriculture des Alpes de Haute Provence

Année universitaire 2003 / 2004


AVERTISSEMENT :
 
L'Université Pierre Mendés France de Grenoble n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires des candidats au DESS ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.
Le mémoire est un essai d'application des méthodes et outils acquis au cours de la formation.
Il ne saurait donc être considéré comme un travail achevé auquel l'Université conférerait un label qualité qui l'engagerait.
Ce travail est considéré a priori comme un document confidentiel qui ne saurait être diffusé qu'avec le double accord de son signataire et de l'entreprise concernée.

REMERCIEMENTS :
 
Ce fut un réel plaisir de travailler avec le Pays Verdon, Vaïre, Var. Merci beaucoup à Sébastien Diette, animateur de la Charte forestière du massif d'Annot et mon maître de stage, de m'avoir initiée au milieu forestier et de m'avoir suivi pas à pas tout au long de ce stage. Merci pour sa coopération, sa patience et son dynamisme. Merci à Juliette Grossmith d'avoir pris le soin de m'aiguiller à travers le stage. Merci à Sandrine Bouchet de m'avoir apporté son soutien. Merci à Henri Dalbiès de m'avoir fait partager cette aventure. Merci à Gilbert Sauvan, Président du Pays, et tous les autres membres du Pays pour leur accueil formidable.
Merci à Julie Chaboud, de la Chambre d'agriculture des Alpes de Haute Provence et ma deuxième maître de stage, d'avoir participé au déroulement du stage.
Un grand merci à toute l'équipe du DESS Gestion et dynamisation du développement pour l'enseignement reçu et les outils qu'ils m'ont apportés. Merci plus particulièrement à Vincent Plauchu, qui a dirigé cette étude mais surtout qui a bien voulu me tendre la main tout au long de cette année universitaire.
Merci à Béatrice Ladrange, du Sime, qui a pris le temps de m'enseigner les mécanismes de la châtaigneraie fruitière et qui m'a fait partager sa passion. Merci à Bernard Cabannes, ingénieur au CRPF, d'avoir bien voulu partager son savoir avec moi.
Sur le terrain, merci à Eric Audureau et Eric Tassonne de l'ONF, et merci à Etienne Bessière, du CRPF, d'avoir écouté mes interrogations et partagé leur connaissance.
Rien n'aurait pu voir le jour sans la grande « famille » castanéicole :
• Merci à Jean-Charles Bonnet, André Grac et Jeannine Leydet, directeurs des ASL de Méailles, Braux et Le Fugeret, ainsi que tous les adhérents pour leur coopération et leur accueil. Merci à l'ASL de Castellet, à Christine Degeorges et Karine Mayen.
Merci à toutes les personnes qui m'ont généreusement accueillie :
• Dans les Maures : merci Chantal et Walter Schmid, Nadine Allione et Laurent Jartoux.
• Dans les Alpes Maritimes : merci Raymond Guibert de l'Association d'Isola.
• En Ardèche, Gard et Lozère : merci Cécile Malaval du Syndicat des Producteurs de l'Ardèche pour ses précieux contacts, Julien Domergue de la Chambre d'agriculture d'Ardèche pour ses renseignements, Guillaume Delaumay de l'Association de promotion et de développement de la châtaigneraie traditionnelle, Marcel Menu du Parc des Cévennes et Mr Hugon maire de Saint Privas de Vallongue, les agriculteurs Laurent Sabatier, Michel et Martine Grange, la SARL Verfeuille, et Sano-fruit.
Merci aussi à toutes les personnes, interrogées par téléphone, dont le visage m'est resté inconnu mais dont les paroles m'ont permis de saisir les enjeux de la châtaigneraie.
Un peu plus loin du sujet, mais pourtant proche de moi, il me reste à remercier :
• La fondation Nicolas-Claude Fabri de Peyresq - Mady Smets, Jean Vancompernolle et Alain Brun - de m'avoir offert un toit
• Chloë Fromangé pour ses paroles encourageantes et son soutien constant
• Mon Olivier à l'ombre de qui j'ai pu me reposer
Mes amitiés castanéicoles à toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à ce mémoire.

SIGLES :
 
ADASEA : Association départementale pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles
ASL : Association syndicale libre
CEEP : Conservatoire et études des écosystèmes de Provence / Alpes du sud
CERPAM : Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée
CNICM : Comité national interprofessionnel de la châtaigne et du marron
CRPF : Centre régional de la propriété forestière
CTIFL : Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes
DDAF : Direction départementale de l'agriculture et de la forêt
DFCI : Défense des forêts contre les incendies
DRAF/SRPV PACA : Direction régionale de l'agriculture et de la forêt / service régional de la protection des végétaux de Provence Alpes Côte d'Azur
DSF : Département de santé des forêts
ENGREF : Ecole nationale du génie rural des eaux et des forêts
FNADT : Fond national d'aménagement et de développement du territoire
INRA : Institut national de la recherche agronomique
ONF : Office national des forêts
ONIFLHOR : Office national interprofessionnel des fruits, des légumes et de l'horticulture
PDRN : Plan de développement rural national
SIME ou Sime : Service inter-chambres montagne élevage
SPCA ou SPCMA : Syndicat des producteurs de châtaignes de l'Ardèche
ULRAC : Union Languedoc-Roussillon des associations castanéicoles

GLOSSAIRE :
 
Balivage : choix et marquage des rejets d'un taillis
Dépressage &endash; éclaircie : coupe partielle pratiquée dans un peuplement forestier non arrivé à maturité, en vue de son amélioration.
Désinfecter : utiliser pour désinfecter les outils de coupe de l'eau de javel ou de l'alcool à brûler
Emonder : débarrasser un arbre de ses branches mortes ou inutiles. Ebrancher, élaguer.
Fongicide : substance propre à détruire les champignons
Forêt domaniale : gestion de l'ONF, appartient à l'Etat.
Forêt communale : appartient à la commune. Sous conditions, l'ONF peut en avoir la gestion.
Futaie : peuplement naturel ou effectué par l'homme à partir de semis (graine, un arbre de franc pied)
Houppier : ensemble des ramification sur la partie haute de l'arbre
Mycélium : partie végétative des champignons formée de filaments
Spore : élément unicellulaire permettant la reproduction des champignons
Taillis : peuplement forestier issu de rejets (bouquet d'arbres) produits par les souches après la coupe des brins principaux.
 
Les initiales CF sont mises pour l'auteur et photographe du mémoire, Capucine Fromangé

La châtaigneraie fruitière : carte d'identité
 
Spécificités :
Espèce calcifuge, le châtaignier pousse sur des sols acides (grès, granit…).
Les principales espèces fruitières sont : le châtaignier du Japon (Castanea crenata), le châtaignier chinois (Castanea mollissima), le châtaignier d'Amérique (Castanea dentata) et bien sûr l'espèce européenne Castanea sativa (Camus, 1929).
Ë Le fruit des châtaigniers a une ou plusieurs amandes : le fruit non cloisonné est appelé marron, le fruit cloisonné est dénommé châtaigne.
ý particularité du châtaignier : soit, il est exploité pour son bois, soit, il est cultivé pour ses fruits. Un vieil adage dit : "le châtaignier, c'est comme le cochon : tout y est bon".
 
Historique :
D'origine lointaine, Jean Robert Pitte (1986) pense que la culture du châtaignier fruitier serait venue de l'Est (Arménie) vers l'Ouest (Turquie, la Grèce et l'Italie). La toponymie et les écrits attestent d'un premier développement de la châtaigneraie au Moyen-Age. Cultivé avant tout pour ses fruits, on nomme le châtaignier « arbre à pain » grâce à son apport nutritif dans les contrées difficiles d'accès. En France, le XVIè et XVIIè siècles seraient les périodes d'apogée des plantations (Bourgeois, 1992). Il est devenu un des piliers de l'économie rurale en offrant son bois, ses fruits et ses feuilles.
Au XIXè siècle, les cultures nouvelles et la diversification de l'alimentation amorcent le déclin de la châtaigneraie qui s'accélère avec l'exode rural et les deux guerres mondiales. A cela s'ajoute l'épisode du développement de l'industrie des extraits tannants. Le XXè siècle constitue la période fatale de la châtaigneraie où maladies - le chancre de l'écorce (endothia) et l'encre (phytophtora) - et abandon se conjuguent pour la dégrader. Ils entraînent un déclin et une mutation de la châtaigneraie. Aujourd'hui, on assiste à la relance de cette culture.
 
Programmes de rénovation de châtaigneraies traditionnelles :
• 1975, premiers essais de luttes contre les maladies menés par l'INRA -Cévennes
• 1984-1985, début des travaux de rénovation sous le pilotage CTIFL, puis de l'Union Languedoc-Roussillon des associations castanéicoles (ULRAC) en partenariat avec le Syndicat Interprofessionnel montagne élevage (SIME)
Des programmes de rénovations sont en cours dans les Cévennes. D'autres régions débutent comme le Var, les Alpes de Haute Provence ou les Alpes Maritimes.
 
Production (source, CTIFL, 1995) :
Les critères d'éligibilité des fruits dans la vente sont : la taille, la couleur, la forme, la pilosité, le cloisonnement de l'amande et le goût.
La production mondiale de châtaignes et marrons est évaluée à 470 000 tonnes en 1993 :
ÿ Chine (100 000 t.), Corée du Sud (80 000 t.), Turquie (90 000 t.), Italie (65 000 t.), Espagne (20 000 t.), France (11 000t.)
La production française est en baisse continue (500 000 tonnes fin XIXè siècle, 15 600 tonnes en 1983). La France importe plus de châtaignes qu'elle n'en produit (11 000 t. en frais, 5 000 t. épluchées congelées).
Malgré la part modeste de la production française, les producteurs organisés font actuellement preuve de dynamisme. Avec 5000 tonnes de châtaignes récoltées, l'Ardèche est largement le premier département français de production.


SOMMAIRE
Introduction
Méthodologie : les outils du travail exploratoire
 
 
 
Chap. I - La châtaigneraie du massif d'Annot : un enjeu de développement territorial
1. La charte forestière du massif d'Annot
1.1 Situation géographique, géologique et climatique du canton d'Annot
1.2 Mise en place de la Charte forestière du massif d'Annot
2. La châtaigneraie du massif d'Annot
2.1 Les vergers de châtaigniers du massif d'Annot
2.2 Les enjeux de la châtaigneraie du massif d'Annot
2.3 Etat de la filière châtaigne &endash; « une production asphyxiée »
3. Les acteurs de l'opération châtaigneraie
3.1 Les associations syndicales libres (ASL)
3.2 Les partenaires techniques
3.3 Les modes de financement
3.4 L'animateur

Chap. II - Techniques de rénovation des châtaigneraies
1. Les maladies
1.1 Le chancre de l'écorce (Endothia Parasitica ou Cryphonectria Parasitica)
1.2 La maladie de l'encre (Phytophtora cinamoni ou cambivora)
1.3 Le cynips du châtaignier (Drycosmus kuriphilis Yasumatsu)
1.4 Bilan des maladies sur le massif d'Annot
2. Les méthodes de rénovation de la châtaigneraie
2.1 Le diagnostic… identifier son cas
2.2 L'élagage doux
2.3 L'élagage sévère
2.4 La rénovation par greffage
2.5 La plantation
2.6 Les autres choix de rénovation
2.7 Que faire du bois ?
2.8 Spécificité du massif d'Annot  
3. Possibilités pour favoriser l'entretien des parcelles
3.1 L'entretien mécanisé
3.2 Le sylvopastoralisme
3.3 L'entretien : avis de castanéiculteurs et le cas du massif d'Annot
4. Possibilités pour faciliter la récolte des châtaignes

Chap. III - Eléments pour la valorisation de la châtaigneraie
1. Pistes de valorisation des châtaignes récoltées
1.1 Transformation des châtaignes fraîches
1.2 Transformation des châtaignes sèches
1.3 Commercialisation des châtaignes
2. Promouvoir la culture des châtaignes
2.1 La fête de la châtaigne… de Le Fugeret
2.2 Diversification des activités : tourisme et éducation
2.3 L'appellation d'origine contrôlée (AOC) ou le label

Chap. IV - Perspectives de développement
1. Actions pour pérenniser la rénovation de la châtaigneraie
1.1 Le coup de pouce pour les travaux mais pas sans implication personnelle
1.2 Mise en place de formations
1.3 Développer l'entretien par le pastoralisme
1.4 Maintenir la mobilisation des propriétaires
1.5 Faire une étude plus approfondie sur les variétés des châtaignes
2. Objectifs économiques, sociaux et environnementaux
2.1 Transmettre un savoir-faire
2.2 Structurer la filière : les modes de groupement
2.3 Valoriser la production
2.4 Développer une économie touristique d'arrière-saison
 
Conclusion
Bibliographie